Mots perdus , vie , poésie
Bestiaire des mots perdus
Dans un vieux livre dort un mot convoluté,
roulé sur lui-même, presque ensorcelé.
À côté sommeille un simple brimborion,
chose sans valeur, mais trésor pour l’esprit profond.
L’oppugnateur s’avance, armé de brigandine,
Il lance l’avilance, et sa langue assassine.
Mais soudain paraît la folle coquecigrue,
qui rit des batailles et sème ses vertus.
Dans les Pyrénées passe une immense ramade,
nuage de moutons qui dévale la grade.
Au loin, la salange fait briller le cristal,
le sel de la mer, patient et triomphal.
Un ragotin difforme éclate de grimace,
Il raille nos grandeurs, il renverse la place.
Et même la pecque, impertinente et sotte,
nous montre qu’on trébuche en croyant être apôtre.
Un chalin éclaire, bref éclair de chaleur,
tripoléen caillou se frotte à sa lueur.
Tout se conglutine en étrange festin,
le boucan de la chair, le sel, et le destin.
Ainsi vont les mots, doux, rudes ou mesquins,
ainsi va la vie, faite de liens divins.
Qui rit des coquecigrues ne perd pas son chemin :
Car l’ombre est ridicule et la langue, un matin.
KoSmOs
ALPA DU KOSMOS