On parle beaucoup d’éveil, de conscience et de pratiques, mais rien ne s’élève dans un corps saturé, distrait ou anesthésié. Ce texte est une invitation à revenir au vivant, simplement, honnêtement.
"Tu peux respirer profond, t’étirer chaque matin et saluer le soleil avant même qu’il ne se lève en toi. Tu peux dérouler ton tapis, poser les mains sur le cœur et parler de présence, d’ancrage, de conscience. Tout ça aide, oui, vraiment. Mais si tu continues à enfumer ton corps, à l’alcooliser, à l’épuiser, à le saturer de bruit, de toxines, de pensées en boucle et de gestes qui l’éteignent, il y a dissonance.
Le corps n’est pas une idée spirituelle : c’est un organisme vivant, un système nerveux, un souffle, une chimie précise. On ne cherche pas la clarté dans un corps intoxiqué. On ne parle pas de régulation en sabotant volontairement son propre véhicule. Le yoga prépare la terre, le souffle ouvre l’espace. Mais le tabac, l’alcool, les écrans collés aux mains, les nuits sans silence et les journées sans ciel encombrent le terrain. Ce n’est pas une question de morale ni de pureté : c’est une question d’alignement.
On ne nourrit pas le feu intérieur avec ce qui l’éteint. On ne demande pas au corps de s’élever quand on l’alourdit chaque jour. Et puis il y a autre chose, plus silencieux, plus récent : ce petit rectangle lumineux qui aspire ton attention, le pouce qui glisse… encore, encore, encore. Tu respires à peine, les yeux fixés sur des vies que tu ne vis pas, le corps immobile, l’esprit saturé, le système nerveux en alerte permanente.
On est devenus rapides, connectés, performants, mais déconnectés du sol, du vent, de la lenteur. Quand on est nés, tout ça n’existait pas. Il y avait des addictions, oui, mais il y avait aussi le silence, l’ennui, les saisons, le corps dehors. Aujourd’hui, on parle d’éveil sans jamais éteindre le bruit.
S’aligner, ce n’est pas tout rejeter. C’est choisir. C’est revenir au simple. Arrêter une addiction n’est pas un combat. C’est une clarification. Une identité qui se redresse et dit : je prends soin du vivant. Ce n’est pas perdre quelque chose. C’est enlever ce qui empêche la vie de circuler.
Alors regarde la nature, toujours. Le matin, quand le jour se lève et que la lumière touche la terre sans effort, sans notification, sans écran… personne n’arrose les fleurs avec du pétrole. On leur donne de l’eau, du soleil, du temps.
Éteins un peu le bruit. Nettoie le corps. Pose le téléphone. Respire. Et fais, enfin, pareil avec toi."
KoSmOs
ALPA DU KOSMOS